Livre vendu au profit du Secours Populaire
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Ce matin là, j’ai baladé mes doigts sur mon calendrier. Il n’a rien d’extraordinaire mon calendrier, il ressemble à tous les calendriers ! Dedans, quelques fleurs chahutent ça et là, elles se chamaillent de page en page. C’est rigolo des fleurs qui se chamaillent !
Moi, j’aime bien me promener dans les pages de mon calendrier...
Chaque page un mois, chaque mois quelques jours et chaque jour une myriade de secondes... il y a tellement de secondes que je n’ai jamais réussi à les compter toutes sur mes doigts.
J’aime bien mon calendrier ! D’abord il ne me demande jamais si j’ai faim ou si j’ai soif, si j’ai trop dormi ou si j’ai fait assez de sport! Je passe ma vie à ses côtés, comme ça tranquille. Lui il est toujours là, il n’oublie rien, il sait toujours comment demain va s’habiller, s’il va faire un temps vacances ou si l’école va encore m’obliger à me lever tôt. Moi, comme je sais qu’il n’oublie rien, je peux me laisser aller à mes rêveries quotidiennes, pleines d’histoires fabuleuses et de chevaux dans le ciel.
Avez-vous remarqué que dans le mot Calendrier se niche le mot rencard ! Calendrier Un rencard, c’est comme un Rendez-vous… C’est important un Rendez-vous ! On se prépare, on se fait belle, on se fait beau pour un Rendez-vous !
Ce Samedi là, le 14 Mars 2020, comme tous les 14 Mars 2020 j’ai posé mon doigt sur la petite case qui marque le jour. En ouvrant grand mes yeux bleus (Il sont bleus comme ça ils me rappellent les vagues de l’océan que j’aime bien), j’ai remarqué une petite croix bleue (Elle est bleue comme ça elle me rappelle les vagues de l’océan que j’aime décidément super bien). Sous la croix, trois petits mots: « Spectacle au Théâtre ! » Ah oui, c’est vrai ce jour là, j'avais rencard… Un Rendez-vous ! Je devais retrouver mes copains au théâtre de Bourg-en-Bresse., nous aurions dû chanter ensemble dans un spectacle qui s’appelle BOUM BOUM ! Aie...
Je me souviens...
C’est à ce moment là, précis, que le Résident de l’Arrêt-Public a commencé son discours ! Bon, je n’ai pas tout compris mais à la fin, il a terminé par « VOUS DEVEZ RESTER CHEZ VOUS ! » Chez moi ? Ne plus voir mes copines et mes copains ? Bon, il avait sans doute raison. Enfin, je ne lui en veux pas, et puis de toute façon on ne se connait pas avec le Résident, il habite loin, dans un château plein de fenêtres...
Ce 14 Mars 2020, alors, comme les Autres-gens, je suis resté accroché à ma chambre. J’ai beaucoup téléphoné avec des amis. Un soir, un de mes amis, Karim m’a appelé « Vas vite regarder dans la lucarne de ton ordinateur, il y a Nicolas qui raconte des histoires tous les soirs à 20 H précise, il est accompagné par sa fille et son fils, c’est génial ! » Alors moi, comme j’aime beaucoup Karim et que je m’ennuyais un peu, j’ai regardé dans mon ordinateur.
Des histoires, il y en avait au moins 40 ! Elles étaient drôles parfois ou pas. J’ai sourit quelques fois, réfléchi souvent… Et les soirs passaient et nous étions de plus en plus nombreux a nous ressembler devant les Contes du soir de Nicolas et de sa famille. Un soir, j’ai même eu envie de pleurer. Faut dire que la période que l’on vivait était un peu bizarre. On a appelé ça La Grande Confinade ! Le Résident de l’Arrêt-Public nous a dit qu’à partir de ce mois de mars, on serait comme des Confitures dans un placard, pendant longtemps, pas d’pot !
Dans cette période là, il y avait beaucoup de personnes vivantes qui finissaient mortes ou très malades dans les hôpitaux et dans les maisons de retraite… Je me souviens même du Sinistre-du-Retraitement qui, un jour, avait dit haut et fort qu’on aurait dû battre la retraite depuis bien longtemps et qu’on ne fait pas d’omelette sans casser les vieux ! Moi, ça m’avait paru bizarre parce que c’est avec les vieux qu’on fait les poux sains mais bon… voilà ! C’est comme ça que tout à commencé !
Et puis les jours ont passé.
Il y avait des Artistes qui mettaient un peu de couleur dans la gribouillerie ambiante, et puis il y avait surtout plein de panseurs qui n’avaient même plus le temps de réfléchir tellement ils avaient du boulot. Chez ces gens là, le monde était très hospitalier, ils surriaient avec beaucoup d’énergie pour montrer l’exemple, se décarcassaient pour briser la vague de l’épidémie. Alors nous, avec Nicolas, on s’est dit qu’il faudrait aussi qu’on se débrouillasse un peu pour y ajouter notre grain beauté. On voulait faire quelque chose d’un peu essentiel comme de l’huile délivre. Alors, à force de se gratter les cheveux du ciel qui nous restent, on s’est dit que ça serait drôlement chouette que toutes ces histoires finissent un jour dans un livre en papier.
Un livre ? Une Livre c’est la moitié d’1 Kg et c’est justement...
...c’est justement le poids de ce bouquin que vous avez dans les mains aujourd’hui. Un livre de 500 Gr. En fait, il pèse beaucoup plus que ça ce livre! Il pèse le poids de la contribution amicale et généreuse de toutes les femmes et les hommes qui ont donné de leur temps pour ce projet né au Confin des contes !
Merci à chacune, à chacun pour avoir permis cette belle aventure dont les bénéfices seront entièrement reversés au Secours populaire.
Merci, merci...
Aujourd’hui, jour de sortie de ce beau livre, j’ai mis une petite croix à l’encre bleue sur mon calendrier, une croix bleue indélébile comme le bleu des vagues de l’océan...
Patrick PERRET (Petrek)